Sur le canton de Saint-Astier, le binôme Franck Moissat-Virginie Puydebois part sous la bannière de Renouveau Dordogne pour ce scrutin des départementales 2021 en Dordogne. Une candidature « qui dérange », indique le duo. Et ce serait bien logique car, au-delà des soutiens de la droite et du centre, il soutient qu’il a les faveurs de nombre de membres PS, en proposant « une alternative réaliste » à la majorité départementale.
Direction le canton de Saint-Astier, où, pour ces départementales 2021, le binôme Franck Moissat-Virgine Puydebois est en lice sous la bannière Renouveau Dordogne. Ses concurrents sont les duos Serge Muller-Pascale Léger (RN), Jacques Ranoux-Véronique Chabreyrou (DVG) et Benjamin Regonesi-Suzie Bonnet (PCF).
« Nous avons aussi le soutien de nombre de socialistes, qui ne se reconnaissent pas dans la gestion du Département »
« Bien souvent, les gens nous disent leur ras-le-bol ». Une saturation globale qui les aurait souvent conduits à ignorer déjà les compétences du Département, collectivité perçue comme une représentation de la politique dont ils ont assez. Alors, pendant cette campagne, le binôme Franck Moissat-Virginie Puydebois commence par un travail d’explication. Et la discussion s’engage. Le duo préfère fait état d’un constat que de points de vue. C’est parce que cet état des lieux révèle « un cumul de retards » qu’il propose des solutions concrètes, qui, toutes ensemble, font « une alternative réaliste » à la majorité départementale (PS-PCF). De quoi rendre ses partisans fébriles, à entendre le duo. « On fait l’objet de pressions depuis 15 jours-3 semaines. Notre candidature dérange ». Non seulement la droite et le centre la soutiendraient, mais encore nombre de socialistes, « qui ne se reconnaissent pas » dans la gestion du Département de la Dordogne. « Il y a quelques mois, Pascal Protano (conseiller départemental DVD qui ne se représente pas) m’a demandé d’aller au scrutin ». Franck Moissat convient qu’au Grand Périgueux où il siège avec lui, « on arrive à travailler ensemble, preuve que le service de l’intérêt général prévaut sur les appartenances idéologiques ». Même si les municipales 2020 ont amené de nouveaux visages dans les exécutifs des Villes, la proximité reste la règle. Bel et bien transposable à l’assemblée départementale, le maire de La Chapelle-Gonaguet Franck Moissat en est convaincu. Il rejoint donc la bannière Renouveau Dordogne, qui fédère des sensibilités diverses, qui vont de la gauche non sectaire à la droite constructive. Au passage, merci donc au binôme RN Serge Muller-Pascale Léger de ne pas s’arroger la prérogative d’incarner toute la droite : il ne représente bien que la droite de la droite, et elle n’a rien à voir avec celle qui bâtit. « Nous n’avons, nous, aucun soutien d’un quelconque parti politique. Pour autant, des citoyens appartenant à la droite constructive font partie de nos soutiens. Si nous étions élus, nous pourrions donc travailler avec eux ».
« Le Département de la Dordogne investit deux fois moins dans ses routes que ses homologues en France, par kilomètre de voirie »
« Le Département de la Dordogne est le 3e plus endetté de France ». Et cet endettement record n’est pas la seule plaie de la collectivité, selon le binôme Franck Moissat-Virginie Puydebois : les services publics sont de moins en moins nombreux, l’attractivité économique de la Dordogne patine. Pas question de se lancer dans « un inventaire à la Prévert », le duo se limite à l’énoncé des grands chapitres qui sont à ces yeux en panne. Il y a ainsi la santé, avec, en premier, un manque cruel de médecins « et nul besoin d’être de droite ou de gauche pour le vérifier ». Il y a encore le logement social, l’accueil « déplorable » dans les EHPAD, le retard dans le déploiement de la fibre –la Dordogne pointe en 93e position sur les 96 départements français. « L’État s’en est lui-même alarmé, en débloquant une enveloppe de 50 M€ pour notre territoire ». Ce n’est pas tout. le réseau de téléphonie mobile couvre très insuffisamment celui-ci, et le binôme rappelle que ce n’est toujours pas affaire d’opinion, il s’agit d’un constat. L’état des routes départementales est lui aussi grandement améliorable. La lecture du budget de la collectivité, qui s’élève à un peu plus de 550 M€, est parlant. « Sur les 80 M€ dédiés à l’investissement, 22 M€ sont consacrés aux routes, c’est très peu ». Pas d’affaire de point de vue non plus dans cette précision. « Le Département de la Dordogne investit deux fois moins que ses homologues en France, par kilomètre de voirie ». C’est d’autant plus regrettable aux yeux du binôme Renouveau Dordogne engagé sur le canton de Saint-Astier que feu le contournement de Beynac va par conséquent « coûter l’équivalent de deux années de travaux de voirie sur l’ensemble des 5 000 km du réseau départemental ». Par ailleurs, dans la section des dépenses de fonctionnement, l’aide sociale aspire 47% du budget. Bien entendu qu’il faut de l’aide sociale, maintient-il. Reste qu’il serait utile que le Département revienne sur la manière dont il soutient les plus fragiles d’entre nous. « Nous, on préfère apprendre à pêcher que de donner du poisson ». De sorte que les aides légitimes apportées ne tournent plus au « maintien sous perfusion », option qui n’est pas faite pour rendre un avenir possible à ceux qu’on entend aider, mais qui les rend en revanche redevables -qui mordrait la main qui le nourrit, peut-on comprendre.
« Aujourd’hui, il n’est pas normal qu’il n’existe pas de passerelle pour que les offres d’emploi rencontrent les demandes d’emploi. Ce que fait le Département est ou bien inefficace ou bien insuffisant »
« Il n’y a pas que le tourisme en Dordogne ». Sachant, au passage, que le secteur aurait été un destinataire plus opportun des dépenses en communication qui sont allées à la défense du projet de déviation de Beynac. Non seulement il y a « pléthore d’activités », mais il y des « fleurons » sur le territoire périgourdin -Hermès, Beauty Success, Hamel robinetterie… Or, dans le même temps, des difficultés de recrutement empoisonnent l’irrigation du tissu économique. Aux cadres qu’on démarche, il faut assurer que le conjoint trouvera un emploi. Aux acteurs dédiés à proposer des candidats à des emplois peu qualifiés, il faut rappeler que l’absence de permis de conduire pour un emploi de chauffeur, ça ne peut pas le faire. Au total, le binôme Franck Moissat-Virginie Puydebois maintient qu’ « on peut s’y prendre autrement pour faire mieux ». La solution ne tiendrait pas forcément aux moyens mobilisés, mais plutôt à l’organisation de leur mobilisation. « Aujourd’hui, il n’est pas normal qu’il n’existe pas de passerelle pour que les offres d’emploi rencontrent les demandes d’emploi. Ce que fait le Département est ou bien inefficace ou bien insuffisant ».
« Les personnes en situation de handicap et les aidants familiaux sont laissés à eux-mêmes »
« Dans ma commune, j’avais signé une convention avec France Alzheimer, une association qui accompagne des personnes fragilisées par des pathologies neurodégénératives et les aidants ». Le duo Renouveau Dordogne en lice sur le canton de Saint-Astier illustre encore l’esprit de la bannière qui construit un projet départemental d’alternance à la politique menée par la majorité sortante : le binôme s’appuie sur les initiatives qui répondent à un besoin de la population et qui marchent. Celle qui est citée en exemple démontre à ses yeux que l’aide sociale a une définition plus large que la distribution des aides financières, en campant un paysage plus large de bénéficiaires potentiels. « Les personnes en situation de handicap et les aidants familiaux sont laissés à eux-mêmes ». Or, si des structures associatives du type France Alzheimer existent, tout comme des lieux de répit, reste qu’au plan psychologique, l’accompagnement de ces citoyens en détresse est carencé. Dans le même état d’esprit, si l’ « on vit de plus en plus vieux, on ne vit pas forcément mieux ». Le duo Franck Moissat-Virginie Puydebois souhaite que le maintien à domicile soit encouragé. Les personnes âgées font partie intégrante de la vie commune, ce ne sont pas des citoyens de second rang. « Nous devons mettre en place des structures de soins à domicile ». Pendant la crise sanitaire, le maire Franck Moissat a ainsi fait acheminer un camion d’opticiens dans sa commune. « On peut aussi imaginer d’organiser des déplacements communs pour rejoindre le centre de soins le plus proche ». Sur le même thème, alors qu’il existe des dispositifs de sécurité qui alertent les secours quand une personne âgée chute à son domicile, ils demeurent inopérants quand le réseau GSM est défaillant ou carrément absent. Le Département de la Dordogne pourrait intervenir quand un centre de soins est en projet dans une commune, « au niveau des murs », en laissant à ceux qui le pilotent le choix de recruter des médecins salariés ou libéraux. Enfin, le binôme Renouveau Dordogne veut favoriser les moyens de télémédecine « pour les actes simples », à l’exemple d’un renouvellement d’ordonnance. Des propositions en matière de santé, le duo en a bien des tas. Il en pointe encore une : le renfort de l’accueil en psychogériatrie, offre de soins « menacée de saturation dans les 10 ans qui viennent » car il y aura des départs en retraite des professionnels, mais aussi car les nombre de lits est limité. Autre préoccupation du binôme, voisine de la santé : le soutien aux secouristes. « Nous voulons doter le SDIS en moyens humains et matériels ». Les interventions des sapeurs-pompiers sont trop précieuses à la population de la Dordogne pour qu’ils ne disposent pas de ce qu’il faut pour accomplir au mieux leurs missions.
« Nous sommes pour une tarification sociale pour la collecte et le traitement des ordures ménagère du SMD3 »
« La collecte et le traitement des ordures ménagères par le SMD3 n’est pas un sujet tabou ». Ce méga syndicat a repris la main en la matière et ses compétences ne relèvent pas du Département. « Pour autant, le secteur social est bien une attribution de la collectivité ». Fort de cette observation, le binôme Franck Moissat-Virginie Puydebois veut participer à une réflexion qui permettrait de mettre en place une « tarification sociale » que l’ancienne taxe sur les ordures ménagères ne prévoyait pas. Des habitants de la Dordogne fragilisés par un handicap et/ou par les affres du vieillissement échapperaient dès lors à un coût proportionnel au volume de déchets produits, qui sert d’index à l’établissement du tarif de la redevance incitative.
Pour des élus qui rendent compte de leurs actions
« Parler des projets que porte le Département avec les élus, bien sûr qu’il faut le faire. Mais, surtout, nous voulons les associer ». Travailler main dans la main pour de vrai, en clair, quand les premiers magistrats ont le soutien de la collectivité dans leurs projets. Entreprendre… et « rendre compte » de ce qui a été fait ou pas. Le binôme Franck Moissat-Virginie Puydebois souhaite pouvoir mettre sur pied un feedback régulier de l’action des conseillers départementaux dans leurs cantons respectifs.