Joëlle Huth est à la fois médecin spécialiste, engagée en politique et électrice. Elle rappelle les statistiques terrifiantes de la mortalité du Covid, indique qu’elle s’est prononcée en faveur du report des élections régionales et départementales… mais pour un autre motif que la transmission du virus. Avant de donner son sentiment sur le blitz de Basile Fanier, qui vient d’emporter la présidence des Républicains de la Dordogne.
« Les effets du Covid ? C’est chaque jour l’équivalent d’un Airbus 380 qui se crashe… Face à cette réalité, les discours complotistes ont désormais au moins du mal à prospérer… ». Alors, oui, le monde scientifique peine lui-même à évaluer les mesures prises ou pas par les gouvernements pour endiguer la crise sanitaire qui sévit depuis plus d’un an en France comme sur l’ensemble de la planète. Le chirurgien ORL Joëlle Huth, qui exerce à la clinique du Parc de Périgueux, s’applique à compulser les études scientifiques qui cherchent en permanence à évaluer leur efficacité. « Les deux dernières aboutissent à des conclusions contradictoires. Dans une, les mesures de distanciation sociale et de port du masque actent un résultat positif pour résister à la propagation du virus, et doutent de la pertinence de la fermeture des écoles ; quand, dans l’autre, elles recommandent de prendre des mesures drastiques ». Si les conséquences de l’incertitude, qui semble être permanente pendant cette crise sanitaire, restent moralement maîtrisables par les médecins, ce n’est souvent pas le cas chez les béotiens qui forment l’immense majorité des citoyens. Au milieu de cet océan de questionnements, Joëlle Huth, qui a elle-même été contaminée par le Covid, retient que « le télétravail est important » pour lutter contre l’épidémie, et qu’il est impératif d’être vigilant au sein des familles : « ce n’est pas parce qu’on connaît très bien sa grande tante qu’on ne risque pas de la contaminer ».
« La transmission du virus était une mauvaise raison pour demander le report des élections régionales et départementales »
« Avec mes collègues, j’ai signé le communiqué en faveur du report des élections régionales et départementales, mais ce n’étaient pas les bonnes raisons qui étaient invoquées ». La question du report ou non des scrutins intermédiaires sur laquelle les maires notamment ont été consultés le week-end dernier « relevait plutôt de la politique » à ses yeux. « La transmission du virus était une mauvaise raison » pour invoquer la nécessité d’un décalage dans le calendrier. « En juin dernier (quand le 2nd tour des municipales s’est tenu), on a eu très peu de contaminations ». Dans la même veine, Joëlle Huth est d’ailleurs opposée à la fermeture des commerces, telle qu’elle a été décrétée. « Qu’on ferme une grande enseigne de prêt à porter ou bien un grand magasin à Paris, d’accord, mais qu’on ferme ailleurs les boutiques de la galerie commerciale d’un hypermarché, tout en y concentrant tout le monde, c’est incohérent ».
« Je m’étais prononcée pour le report des élections car, aujourd’hui, elles passent au-dessus de la tête des citoyens »
En revanche, maintenant que le gouvernement a décidé que les élections intermédiaires allaient se tenir en juin, « il faut que les assesseurs soient vaccinés. Et pourquoi ne pas prévoir d’organiser le vote en extérieur ? ». Et… s’il pleut ? « Eh bien ça ferait travailler les entreprises, qui loueraient des chapiteaux ». En clair, ni sur-risque sanitaire, ni obstacle pratique au maintien des élections intermédiaires en juin… mais alors pourquoi l’élue s’est-elle prononcée pour leur report ? « En raison de la participation à laquelle s’attendre. Les citoyens n’ont pas la tête à voter, dans le contexte sanitaire dans lequel ils sont, les élections leur passent au-dessus de la tête ». Conjointement, « les candidats pouvaient se demander comment ils allaient faire campagne… et le gouvernement, redouter que le parti présidentiel plonge ».
« Malgré un pacte de non-agression en Dordogne entre LREM et la droite et le centre, LREM met des candidats partout »
« Je ne suis pas une politicienne dans l’âme. Pour moi, ce n’est pas le bon timing ». Joëlle Huth ne repart pas aux départementales. « Et, au demeurant, on ne m’a pas demandé pourquoi j’avais pris cette décision, ni tenté de m’en faire changer ». Aujourd’hui, pour les élections départementales en Dordogne, la stratégie initialement arrêtée de l’opposition -composite- à la majorité aurait en outre du plomb dans l’aile. « Initialement, il y avait un pacte de non-agression entre candidats de la droite et du centre et candidats LREM et apparentés qui forment la majorité présidentielle ». Autrement dit, ou bien un binôme droite et centre, ou bien un binôme majorité présidentielle devait se positionner sur un canton, selon que l’un ou l’autre semblait le mieux placé pour se confronter à un duo de la majorité départementale actuelle. Or, « au bout du compte, malgré ce pacte, LREM met des candidats partout ». Un constat qui va à l’encontre de la conception que Joëlle Huth a de la démocratie. « Pour moi, la démocratie, c’est réfléchir ensemble pour dégager des solutions. Ce n’est pas Je roule pour moi ». Avant de conclure : « C’est dommage car ce sont toujours les mêmes qui tiennent les rênes, et la remarque vaut pour la majorité comme pour l’opposition ». Pourtant… un changement notable est advenu tout dernièrement dans la vie politique périgourdine, avec l’élection de Basile Fanier à la tête des Républicains (LR) de la Dordogne. Avec le score, par-dessus le marché, bref, la manière. Sur laquelle Joëlle Huth tique précisément.
« On ne peut pas faire table rase de l’histoire et bananer tout le monde comme ça. C’est inélégant de dire Je fais un putsch avec mon petit bagage politique »
« Basile Fanier n’a pas mis les formes, même s’il a fait du vrai boulot ». L’élue reproche au jeune élu de Sarlat d’avoir tu qu’il engrangeait des adhésions, d’autant qu’il y en avait beaucoup. En agissant « dans son coin », il a finalement procédé à « une éviction » de son prédécesseur Dominique Bousquet. « On ne peut pas faire table rase de l’histoire et bananer tout le monde comme ça. C’est inélégant de dire Je fais un putsch avec mon petit bagage politique ». Certes, Joëlle Huth reconnaît que Basile Fanier semble prêt à tracer la route de LR en Dordogne. « Il a suffisamment de gens derrière lui, avec des idées nouvelles… mais il y a des adhérents vieux, qu’il ne faut pas trop bousculer… ». Reste que l’élu sarladais a démontré qu’il avait faim… Bien plus, rectifie Joëlle Huth. « À ce stade, c’est de la boulimie… ». Cependant, elle pointe aussi que « s’il a fait autant de cartes LR, c’est qu’il est allé voir les gens, ces adhésions ne se sont pas faites avec un pistolet sur la tempe, donc il tient un discours valable et il fait preuve de volonté ».
Une fois encore cette opposition Departementale montre qu’elle s’est installée avec un certain confort dans un département qui a su la museler parfaitement. La suite est logique un jeune « loup » arrive, il travaille sur le terrain, il parle sans ambages, se fait comprendre, installe une relation ouverte sur l’électorat et …. seule réponse de son camp: l’attaque! Le reste est logique ; il est compris, il est soutenu et il a la jeunesse pour réussir . On ne peut que lui souhaiter Bonne route!