L’année 2020 se rapproche de la ligne d’arrivée. Sans surprise, coup d’œil dans le rétroviseur pour rappeler des moments susceptibles de faire date en Dordogne.
Rendez-vous électoral n°1 : les municipales
En 2020, la Dordogne a connu deux rendez-vous électoraux : comme l’ensemble des villes de France, il y eu les municipales 2020 (dont la campagne a duré plus que jamais pour cause de crise sanitaire), et comme une partie des autres départements, il y a eu les sénatoriales 2020.
Au scrutin municipal, Ribérac faisait partie des communes à enjeu. Le PS se faisait fort de reconquérir un bastion que le candidat Patrice Favard, alors boss départemental de l’UMP, lui avait ravi en 2014. C’est à Nicolas Platon que la charge de laver l’affront a été confiée. L’entrée en lice de Philippe Chotard a paru surprendre et le premier candidat, et le deuxième. Nicolas Platon a remporté la bataille, sans décrocher au score le maire sortant (37 voix d’écart).
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Contentieux au tribunal administratif de Bordeaux
Patrice Favard a alors renoncé à siéger dans l’opposition municipale; Philippe Chotard a, comme il l’avait laissé entendre, déposé un recours : décidément, l’éligibilité du candidat Nicolas Platon lui posait question. Le tribunal administratif de Bordeaux a jugé qu’il n’y en avait pas.
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À Boulazac-Isle-Manoire, le PS Jérémy Pierre-Nadal a entrepris de concurrencer le maire sortant PCF Jacques Auzou. Sans parvenir à renverser la table, ni à la faire trembler : Jacques Auzou a été vainqueur de l’élection, dès le premier tour. Toutefois, quelque chose pourrait avoir changé au conseil municipal, où six élus d’opposition issus de la liste que Jérémy Pierre-Nadal avait conduite ont saisi la justice, même s’ils ont expurgé le recours qu’ils avaient déposé. Letribunal administratif de Bordeaux a jugé leur requête fondée et il a annulé l’élection d’une co-listière de Jacques Auzou : en occupant des fonctions « influentes » au Grand Périgueux, Fanny Castaignède ne pouvait pas se présenter au scrutin municipal.
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Une dizaine de jours après l’annonce de ce jugement, le leader des élus d’opposition à Boulazac Jamel Fallouk a écrit à Jacques Auzou, en sa qualité de président du Grand Périgueux. Le préfet Frédéric Perissat était en copie. Jamel Fallouk, qui glisse que les requérants ignorent si Fanny Castaignède a fait appel de la décision du tribunal, demande à Jacques Auzou si celle-ci exerce les missions qui définissent le poste pour lequel elle a été recrutée.
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À Saint-Astier également, le candidat PS perdant Daniel Benoist a déposé un recours au tribunal administratif de Bordeaux. À ses yeux, la distribution sur le fil d’un tract de la liste DVD de sa concurrente et maire sortant Élisabeth Marty, au contenu musclé qui plus est, avait pu influencer le résultat du scrutin, notablement serré –Élisabeth Marty avait gagné l’élection de 17 voix. Le tribunal administratif a jugé que oui, et qu’il fallait donc rejouer l’élection municipale. L’affaire ne se fera pas demain car l’intéressée a exercé son droit à faire appel de la décision.
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Rendez-vous électoral n°2 : les sénatoriales
La Dordogne a été des départements qui renouvelaient leurs sénateurs ; en terre périgourdine, les deux sortants raccrochaient -les sénateurs PS Claude Bérit-Débat et LREM (depuis 2017, après avoir été PS) Bernard Cazeau. Le candidat PS Serge Mérillou l’a emporté dès le premier tour. Pour tenter de coiffer au poteau la candidate PCF Marie-Claude Varaillas, son homologue LR Joëlle Huth s’est retirée du 2e set de la compétition en appelant à voter pour le député MoDem Jean-Pierre Cubertafon. L’idée d’une seule casaque pour l’opposition départementale était née. Si elle a manqué son premier test -Marie-Claude Varaillas est finalement restée devant- ou bien l’on retiendra que c’est de peu -27 voix ont manqué au candidat du Nontronnais pour doubler sa rivale (le RN Robert Dubois s’était maintenu sans espoir de gagner) ou bien l’on retiendra d’abord qu’elle a échoué… et ce choix mnésique pourrait avoir son importance aux élections départementales 2021, prévues désormais pour se tenir en juin-2e quinzaine, sans qu’une date précise soit encore arrêtée. Jusqu’à ce scrutin du 27 septembre 2020, la colère n’était pas le marqueur du député de la 3e circonscription Jean-Pierre Cubertafon. Pourtant, il s’est résolu à y céder, reprochant à Germinal Peiro de s’être comporté… en 9e candidat pendant la campagne : s’il n’était pas question, pour le député-candidat, de rejouer le match, en revanche, la nécessité d’évoquer comment il avait perçu le déroulement de ces semaines de confrontation entre les compétiteurs s’est manifestement imposée.
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Covid-19 : invention et tir de barrage
Avec le surgissement de la pandémie de Covid-19, la Dordogne a appris qu’elle comptait un praticien inventeur. Le Dr Vincent Lacoste avait en effet mis au point une valise connectée pour pallier les difficultés liées à la désertification médicale. Cette solution 2.0, qui a aujourd’hui une variante -le sac à dos médical- a été intégrée au dispositif de lutte contre le nouveau coronavirus SARS-CoV-2. Assez peu toutefois, au regard de son potentiel. Il n’est pas exclu qu’entre le calendrier de l’épidémie, celui de l’administration et celui de l’industrie, de regrettables télescopages se soient produits.
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Avec l’application StopCovid, on allait voir ce qu’on allait voir, le gouvernement l’a dit et redit lors du premier confinement. Et… on a vu. En Dordogne, les protestations de ses contempteurs avaient été bien entendues… avant l’heure du constat. L’élu PS de Périgueux Floran Vadillo, ancien directeur de campagne du nouveau maire Delphine Labails, est en effet le président de L’Hétairie. Or, le think tank ancré à gauche s’est occupé de tailler en pièces StopCovid. En tout état de cause, l’application n’a pas fait long feu.
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La filière foie gras est à Sarlat et elle entend y rester
Le plan qui viserait à déménager la filière oie à Nontron ulcère les éleveurs du Sarladais. La mise sur pied d’un projet d’envergure leur a paru préférable au ressentiment. Ils ont le soutien des élus pour bâtir un nouvel abattoir qui permettrait d’éviter durablement ce type de contrariétés. À savoir si la grippe aviaire va s’inviter en Dordogne et compliquer l’avancement du projet. En effet, plusieurs foyers ont été récemment identifiés, notamment dans les Landes, avec la réponse radicale associée de la part des services de l’État : l’abattage des volatiles.
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Projet de déviation de Beynac : le dossier est définitivement clos
Le 29 juin 2020, le Conseil d’État a refermé définitivement le dossier, il n’y a plus de projet de déviation de Beynac. Un coup d’arrêt dont le président du Département de la Dordogne refuse de s’accommoder. Dénonçant une « injustice » faite au territoire, Germinal Peiro a décidé cet été de faire visiter le chantier à démolir. Sur les réseaux sociaux, les pro-contournement lâchaient un peu les freins depuis un moment déjà. En septembre, c’est officiellement l’association des partisans de feu la déviation J’aime Beynac et sa vallée qui a organisé un rassemblement pour clamer haut et fort que ça ne se passerait pas comme ça. Depuis, les comités de suivi écologiques se succèdent, sans que le chantier de la déconstruction et les travaux de remise en état du site avancent d’un millimètre. Mi-décembre dernier, la justice a été saisie pour que la décision de la cour administrative d’appel de Bordeaux du 10 décembre 2019 soit enfin appliquée. Le Département de la Dordogne se retrouve donc exposé à la possibilité qu’une astreinte s’ajoute au verdict initial.
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Quand la vie reprendra en 2021…
Notre intérêt est de croire que la vie va reprendre en 2021, après que 10 mois de pandémie de Covid-19 a aplati le moral des Périgourdins comme de tous ceux qui ne le sont pas. À ce stade, exit l’idée que nous nous bercerions d’illusions, d’autant que ce ne serait pas du jeu à cette période de transition. Donc, 2021 nous tend bien les bras et nous allons bien nous y jeter, cœurs battants. Pour faire redémarrer la machine à projets, le survol d’un site près de Sarlat, le château de Fénelon peut servir de combustible. La promesse de jours heureux a un parfum, et rien n’empêche de le renifler.
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Quand la vie reprendra… Alain Carrier n’en sera pas
Alain Carrier est mort, 2021 est la première petite tranche de l’éternité dans laquelle il a basculé. Il est le plus à plaindre, devant ses amis de la Dordogne, auxquels, pourtant, il manque.
Merci beaucoup pour ces informations très utiles, claires et qui relatent bien le « climat » périgourdin depuis de nombreuses années. Plus beaucoup de descendants de Jacquou sur notre département, les roitelets élus les tiennent au cachot.
Une actualité riche en évènements divers et variés. Décidément cette « dordogne si paisible » fait l’objet de bien des convoitises ! Il faut souhaiter que nos hommes « illustres du moment » sachent au moins se parler, s’entendre pour le bien de tous. Actuellement, les clivages sont tels, que la marmite, un jour, risque d’exploser et les « Egaux » seront engloutis par leur propre faute. La Vallée est bien convoitée, mais son histoire, son patrimoine, son environnement ont su se défendre pour sa préservation ! fasse que le reste suive et qu’il y aura un jour plus de respect pour les citoyens de ces lieux. Bonne année 2021