Le conseil municipal de Boulazac-Isle-Manoire compte 35 élus. Pourtant, depuis sa deuxième réunion, le 24 juin, l’un d’eux manque régulièrement à l’appel. Il s’agit de son doyen Pierre Touzot, qui, en cette qualité, avait présidé la première assemblée de la cité, destinée notamment à élire le maire de la mandature 2020-2026. Ce jour-là, le 28 mai 2020, Jacques Auzou l’avait aisément emporté contre son unique concurrent Jérémy Pierre-Nadal. Toutefois, une voix lui avait manqué parmi les siens… et elle était allée à son rival. Depuis, le 23e colistier de la liste DVG Ensemble pour Boulazac avec Jacques Auzou n’a pas reparu au conseil municipal : Pierre Touzot a ses raisons. Et maintient qu’il ne prend pas la peine d’excuser son absence.
Pour l’élection du maire de Boulazac-Isle-Manoire, c’était écrit, pas une voix des 28 élus de la liste DVG Ensemble pour Boulazac avec Jacques Auzou n’allait manquer à celui-ci. Or, ce 28 mai 2020, coup de tonnerre : il y a 27 bulletins en faveur de sa candidature et 8 en faveur de son concurrent Jérémy Pierre-Nadal… qui n’en escomptait que 7, correspondant au nombre des élus de la liste PS Vivons Boulazac-Isle-Manoire qu’il avait emmenée aux municipales 2020. Naturellement, cette petite voix discordante ne risquait pas de modifier le scénario attendu. Toutefois, à sa façon, elle se fait encore entendre à l’assemblée municipale. En effet, depuis l’assemblée inaugurale, un siège de la majorité reste régulièrement inoccupé : le 23e colistier de Jacques Auzou Pierre Touzot n’a plus reparu. Il confirme qu’il est « la 8e voix », celle qui est partie à l’adversaire, en sachant qu’elle lui serait inutile. Il explique aussi pourquoi il a disparu du paysage municipal, devenant même injoignable sur son téléphone fixe.
« Alain Cournil ne devait pas être reconduit maire délégué : c’est Jérémy Pierre-Nadal qui l’avait emporté à Atur »
« J’avais dit à Jacques Auzou que j’étais opposé à l’élection du maire délégué de Atur (commune fusionnée avec Boulazac-Isle-Manoire au 1er janvier 2016) ». L’ancien adjoint aux travaux de la commune déléguée avance qu’il entend alors vouloir prendre acte du verdict des urnes. À Atur, c’est la liste de Jérémy Pierre-Nadal qui l’a emporté… donc, « c’est normal » de respecter le choix des électeurs, et, par conséquent, d’écarter l’idée que Alain Cournil puisse encore être magistrat délégué. « Je savais que Jacques Auzou allait le reconduire donc je n’ai pas voté pour lui, j’ai été la 8e voix ». Jacques Auzou a été élu haut la main maire de Boulazac-Isle-Manoire, mais, à entendre l’élu perdu de vue, qu’une seule voix vous manque… et la fête est gâchée. Jacques Auzou aurait déclaré qu’ « un problème politique se pos(ait) à (lui) ». Le plus souvent, un problème appelle la recherche d’une solution. Pierre Touzot fait état de celle qui aurait été trouvée, et dans le détail. Il la désapprouve assez, poursuit-il, pour estimer qu’il n’a plus rien à partager avec l’ensemble de ses homologues de la majorité. L’élu perdu de vue ajoute qu’il a remis à Jacques Auzou un courrier en main propre, le 15 août, lors de la cérémonie d’hommage aux Résistants. « Je n’ai jamais eu de réponse ». Ce courrier, qui n’a donc pas d’enveloppe cachetée, n’est pas non plus daté.
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« Je suis absent, mais je ne suis pas excusé »
« Je suis absent, mais je ne suis pas excusé ». Le compte-rendu du conseil municipal du 24 juin mentionne que Pierre Touzot est « absent/excusé », celui du 1er juillet aussi, puis ceux du 10 juillet, du 22 juillet -les comptes-rendus des assemblées des 30 septembre et 25 novembre, auquel l’élu n’a pas non plus siégé, ne sont pas publiés. Le slash (ou barre oblique) entre « absent » et « excusé » signifie qu’il est ou bien l’un… ou bien l’autre, ce qui correspond à ce que Pierre Touzot déclare : il n’est pas les deux à la fois.
Après avoir avancé une première fois qu’ « on lui avait fait comprendre qu’(il) n’était pas le bienvenu », Pierre Touzot indique, de manière constante, qu’il a pris l’initiative de ne plus se rendre aux assemblées municipales. Il n’a pas davantage siégé à la seule commission des travaux qui s’est réunie, le 08 septembre… bien qu’il en fasse partie. Son absence n’aurait pas fait l’objet d’un seul commentaire… pas un. À croire que, de conseiller municipal Pierre Touzot, il n’y a jamais eu.
Pourtant, celui qui sèche les conseils municipaux ne taille pas un portrait à la serpe de Jacques Auzou. « C’est quelqu’un de compétent ». Il souligne même qu’il a « eu plaisir à travailler avec lui », lors du dernier mandat. Reste que les noces semblent maintenant bel et bien rompues. « Là, ça ne me plaît pas ». Alors, tant pis pour celui qui a le sentiment qu’il s’était « investi » dans la vie municipale. « Cette affaire a cassé mon envie de continuer ».
« Je n’ai pas voulu mettre de piment dans la sauce »
« Je n’ai pas voulu mettre de piment dans la sauce ». Si Pierre Touzot assume ne plus se rendre au conseil municipal de Boulazac-Isle-Manoire, il tient à préciser qu’il est allé voter aux sénatoriales 2020. S’il n’y a pas de doute sur ses absences répétées au conseil municipal -dont il maintient qu’elles sont « non excusées »- ni sur le fait qu’il n’a, au moins à quatre reprises, pas confié de pouvoir, s’il n’a pas non plus de délégation… et ne fait effectivement « rien » de son mandat, il restait, le 27 septembre 2020, un grand électeur, qui était dans l’obligation de voter, obligation qu’il a respectée (une non participation au scrutin qui n’est pas justifiée expose à une amende de 100 €).
Monsieur Touzot bonjour
Félicitations pour votre courage d’expression et votre respect du vote et de la démocratie
Je tiens personnellement à vous faire part de mon soutien dans votre démarche et je comprends votre déception et frustration face à des pratiques qui ne font pas honneur à nos valeurs républicaines ,mais elles rattrapent toujours ceux qui les bafouent
Cordialement
Cette attitude est noble et franche. La conduite politique doit être exemplaire et le chef de file doit l’être encore plus. Hier l’exemple un peu affligeant du président du département qui refuse de répondre en toute loyauté au journaliste sur FR3 devrait pousser certains de ses conseillers départementaux à avoir une telle attitude devant ce que l’on peut appeler l’anti-démocrate face aux cameras. Messieurs les conseillers départementaux : réveillez vous, arrêtez de suivre tête baissée une politique qui ruine le département , ouvrez un peu les yeux sur les gaspillages de toutes sortes qui endettent vos citoyens électeurs. C’est un honneur de voir ,qu’enfin, un homme se lève contre une forme de politique qui n’a plus cours de nos jours et ceci dans un fief qui paraissant inébranlable . félicitation Monsieur Touzot