ll pousse des sapins en Dordogne. Cap sur le Périgord Vert, où, après que le gel a sévi pendant deux ans, l’épidémie de Covid s’est invitée… Toutefois, les producteurs sont finalement autorisés, depuis hier vendredi 20 novembre, à vendre leurs sapins… et ça tombe bien car il se trouve que c’est à Noël qu’on en demande… Les producteurs Guy Beauzetier et Sandrine Puyrazat, dont les familles ont réuni leurs forces il y a 35 ans, fondent l’espoir qu’en 2020, alors que les planètes ont décidément du mal à s’aligner, Noël continue de se fêter… autour d’un sapin.
« On avait de quoi travailler, mais désormais, on a un horizon ». Guy Beauzetier est producteur de sapins dans le Périgord Vert, à Busseroles, après Piégut-Pluviers en se dirigeant vers le nord du département de la Dordogne. Voilà 35 ans qu’il « travaille avec la famille Puyrazat », dont l’entreprise Sapins du Périgord Vert est sise à Augignac. « On a nos plantations mutuelles ». Guy avait en effet versé dans l’exploitation du sapin car « la fraise n’allait pas du tout » et son « collègue », de son côté, faisait alors lui aussi dans un tout autre créneau -les fruits et légumes. Guy a conservé « une quarantaine de vaches allaitantes et plutôt des génisses ». Reste qu’aujourd’hui, « ça fait plus d’un mois et demi que (ses) bêtes attendent dans l’étable » car il refuse de les céder en-deçà du prix du marché. Le chiffre d’affaires de l’exploitant provient « à 70% des sapins ». Un secteur qu’il décrit comme un peu mal aimé : pas question de primes agricoles le concernant, notamment. Et voilà que, cette année, l’épidémie de Covid s’est invitée. « Vois si tu peux faire quelque chose ». C’est le message que Guy Beauzetier a transmis au député de la 3e circonscription de la Dordogne Jean-Pierre Cubertafon. Celui-ci avait indiqué avoir été de ceux qui avaient fait remonter le désarroi des producteurs de sapins de Noël naturels au gouvernement, qui, les ayant jugés produits « non essentiels », interdisait leur vente. Si, malgré le rétropédalage annoncé, le décret qui l’actait « tardait », il a fini par être publié et les consommateurs pourront bien se procurer un sapin pour Noël. Le Périgord Vert compte « 5 ou 6 producteurs ». En effet, ici, « le sol tire vers le Limousin ». Autrement dit, « pas de calcaire, pas trop d’argile, mais en revanche, il y a du sable ».
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Les sapins de Noël sont produits dans le Périgord, mais « la trouée en Dordogne commence juste »
« On vend jusque dans le Bordelais, et le long de la côte Atlantique, en remontant vers La Rochelle et Rochefort, mais aussi à l’intérieur, dans les Deux-Sèvres ou dans la Vienne, à Poitiers… et on commence à trouer chez nous, en Dordogne ». Si l’adage veut que nul ne soit prophète en son pays, il n’est donc pas exclu de penser pouvoir, un jour, contrecarrer la malédiction. Guy Beauzetier salue l’union scellée il y a 35 ans avec la famille Puyrazat -il travaille de concert avec Sandrine Puyrazat aujourd’hui. Le binôme produit 45 000 arbres par an. « On a chacun 15 à 20 hectares ». Le duo les fait pousser, il les exploite et il les expédie. Si les producteurs peuvent désormais vendre leurs sapins de Noël, Guy reste prudent. « Malgré mon ancrage, je ne sais pas encore comment sera cette saison… Il faudrait que ça fonctionne correctement, après deux années de gel ». Or, « si l’on comprend que la vigne en souffre, ce n’est pas le cas pour le sapin ». Les coups du sort sont particulièrement mal vécus dans la profession où « après avoir planté un arbre… on attend 6 ans qu’il pousse ». Selon Guy, cette contrainte-là n’est pas non plus toujours bien comprise par les autorités de tutelle. Mais il y a, dit-il, encore une autre difficulté qui puisse entamer la réussite de la saison 2020. « J’ai peur que beaucoup de gens n’aient pas l’argent dans la poche ». Il glisse alors que quand il vend un sapin de 1,50m à 2m au tarif de 10€, le prix que paiera le consommateur sera de 30€. « Ce sont les distributeurs qui le fixent ». Et de prendre l’exemple d’un Nordmann, qui « ne met pas loin de 10 ans à pousser ». Il le vend 45€. « Eh bien moi, quand je vais chez le fleuriste, avec 45€, je ne vais pas loin… ». Bien sûr que Guy Beauzetier « n’a rien contre le petit commerce », mais il juge qu’ « on veut aller un peu vite » dans ce secteur.